« Je ne reverrai plus mes petits-enfants »
Le visage de Michel se crispe. À 73 ans, cet ancien chauffeur de bus n’aurait jamais imaginé vivre ça. « Le médecin m’a annoncé ça comme on annonce une maladie grave. En 2025, je devrai passer des tests pour garder mon permis. » Dans son petit village de Dordogne, la voiture est vitale. Ses petits-enfants habitent à 35 kilomètres. « 47 ans de conduite sans une égratignure, et maintenant on me traite comme un danger public. »
Les larmes aux yeux, il montre les photos de ses petits-enfants. « Emma a son spectacle de danse la semaine prochaine. Comment j’y vais sans voiture ? Le bus ne passe pas le dimanche. » Sa femme Jacqueline intervient : « On nous vole notre liberté. C’est aussi simple que ça. »
La terreur des tests surprises
« Mon voisin André a déjà tout perdu », raconte Marie-Thérèse, 68 ans. « Un contrôle surprise la semaine dernière. Soi-disant ses réflexes n’étaient plus assez bons. » Dans sa cuisine, le café refroidit pendant qu’elle détaille l’horreur : « Il ne sort plus de chez lui. 50 ans de conduite impeccable, et maintenant il est prisonnier. »
Le Dr Martin, médecin agréé, confirme la sévérité des contrôles : « Vue, réflexes, temps de réaction… Les critères seront impitoyables. » Prix des tests ? 100€, non remboursés. Pour Rose, qui touche 900€ de retraite, c’est la double peine : « Il faut choisir entre manger et conduire ? »
« On nous condamne à l’isolement »
Dans les campagnes, la situation devient dramatique. Pierre, 75 ans, vit à 7 kilomètres du premier commerce. « Le taxi, c’est 30€ l’aller-retour. Avec ma retraite, je fais comment ? » Les alternatives proposées font rire jaune. « Des navettes ? Il faut réserver 48h à l’avance. Si j’ai un malaise, je préviens deux jours avant ? »
Les associations de seniors tirent la sonnette d’alarme. Jean-Pierre, président de « Vivre et Vieillir Libre », ne décolère pas : « C’est une mort sociale programmée. Dans les villages, la voiture est vitale. Sans elle, nos aînés sont condamnés à l’isolement. »
Certains envisagent déjà le pire. « Des seniors vont conduire sans permis », prédit le Dr Martin. « Qu’est-ce qu’ils risquent de plus ? Leur vie est déjà finie sans voiture. » Une situation qui inquiète les autorités.
Face à ce drame, des auto-écoles s’adaptent. Marc, moniteur depuis 30 ans, propose des stages spéciaux : « 90% des seniors passent les tests après une remise à niveau. Mais qui va payer ? » La question reste sans réponse.