Microplastiques dans l’Eau Potable
Une étude récente menée par des chercheurs du CNRS et de l’Université de Toulouse révèle une réalité préoccupante : 98 % des microplastiques présents dans l’eau potable passent inaperçus. Ces particules, mesurant moins de 20 micromètres (µm), échappent aux méthodes de détection actuelles fixées par la directive européenne 2020/2184.
Alors que les microplastiques envahissent notre environnement, cette découverte soulève des inquiétudes majeures sur leur impact sanitaire et met en évidence la nécessité de réviser les normes de contrôle.
Une Présence Invisible, mais Omniprésente
Les microplastiques sont des fragments de plastique microscopiques issus de la dégradation de matériaux plastiques. Invisibles à l’œil nu, ils se retrouvent dans l’eau du robinet et en bouteille.
Les chercheurs ont analysé dix marques d’eau en bouteille ainsi qu’un échantillon d’eau du robinet à Toulouse. Les résultats sont préoccupants :
- Concentrations détectées : entre 19 et 1 154 microplastiques par litre
- Principaux polymères identifiés : polyéthylène (PE), polypropylène (PP) et polyamide 6 (PA6)
- Origine potentielle : contamination lors de la production ou directement lors de la captation de l’eau
Ces résultats démontrent que même l’eau potable censée être pure contient une quantité importante de microplastiques, bien au-delà de ce que les réglementations actuelles permettent d’identifier.
Des Risques Sanitaires Sous-Estimés
L’impact des microplastiques sur la santé humaine reste encore mal compris, mais des recherches récentes soulèvent des préoccupations majeures. Leur taille infime leur permet de s’infiltrer profondément dans l’organisme, atteignant des zones autrefois jugées inaccessibles.
Ces particules microscopiques peuvent traverser la barrière intestinale et se retrouver dans le système circulatoire, augmentant ainsi le risque de perturbations biologiques. Une fois dans le corps, elles peuvent s’accumuler dans certains organes, notamment le foie, les reins ou même le cerveau, sans que leurs effets à long terme ne soient totalement connus. En plus de leur présence physique, les microplastiques agissent comme des vecteurs de polluants chimiques, transportant des substances toxiques qui pourraient altérer le fonctionnement cellulaire et perturber le système endocrinien.
Cette découverte remet en question les normes sanitaires européennes, qui ne tiennent pas compte des microplastiques inférieurs à 20 µm, alors qu’ils constituent la majorité des particules retrouvées dans l’eau potable. Une révision des réglementations apparaît essentielle pour mieux évaluer l’exposition de la population et limiter les risques pour la santé.
Une Nouvelle Méthode de Détection Révolutionnaire
Face à cette problématique, les chercheurs proposent une méthodologie innovante basée sur la microspectroscopie Raman. Cet outil permet de détecter des particules dès 1 µm, ouvrant ainsi la voie à un contrôle plus précis et plus efficace des microplastiques dans l’eau potable.
Ils recommandent également une révision des normes européennes, afin que les réglementations intègrent les microplastiques de plus petite taille, jusqu’ici ignorés.
Quelles Solutions pour Réduire l’Exposition aux Microplastiques ?
Bien que l’élimination totale des microplastiques dans l’eau soit actuellement impossible, certaines mesures peuvent être adoptées pour réduire notre exposition :
- Utiliser des filtres à eau performants, capables de retenir les particules les plus fines
- Limiter la consommation d’eau en bouteille, qui peut contenir plus de microplastiques que l’eau du robinet
- Réduire l’usage du plastique au quotidien, afin de minimiser la pollution environnementale
Une Urgence à Agir
Cette étude met en lumière un problème sanitaire de grande ampleur : presque tous les microplastiques présents dans l’eau potable passent sous les radars des réglementations actuelles.
Face à ces révélations, les chercheurs appellent à une révision des normes sanitaires et au développement de méthodes de détection plus précises.
Les microplastiques sont désormais partout. Mieux les détecter et limiter notre exposition devient une nécessité pour protéger notre santé et celle des générations futures.