Le paysage de la grande distribution française s’apprête à tourner une page historique : plus de 200 magasins Casino vont passer sous la bannière Carrefour.
Votre enseigne préférée pourrait bientôt porter du bleu
Imaginez la scène. Vous sortez de chez vous pour faire vos courses, la tête ailleurs, le pas tranquille. Vous poussez la porte de votre supermarché habituel. Celui où vous connaissez les rayons par cœur, où le caissier vous salue par votre prénom. Et là, surprise : plus de rouge, plus de logo Casino… mais un Carrefour flambant neuf. Même devanture, même rue, mais une toute autre ambiance. Ce scénario n’a rien de fictif : il est déjà en train de se jouer un peu partout en France. Et pas seulement dans les grandes villes. Ce sont surtout les petites et moyennes communes, là où les habitudes ont la peau dure, qui voient leur Casino devenir un Carrefour du jour au lendemain.
Le changement a de quoi surprendre, voire désarçonner. On parle de plus de 200 magasins qui vont changer de filiales. Comme ça, en silence, sans tambour ni trompette. Derrière ce grand jeu de chaises musicales, une réalité bien plus pragmatique. Le groupe Casino, englué depuis des années dans des difficultés financières, lâche du lest. Trop de magasins, pas assez de rentabilité. En face, Carrefour qui, lui, ne ralentit pas la cadence. Après avoir déjà absorbé Cora et Match, le géant de la grande distribution continue de grappiller du terrain. Et cette fois, il mise gros sur la proximité : Provence, Auvergne, Occitanie… des zones stratégiques, peuplées, mais pas saturées, où il peut s’implanter vite et bien, sans passer par la case béton. Il récupère l’existant, repeint les murs, change les enseignes, et voilà : un nouveau Carrefour Express ou Carrefour City voit le jour, souvent à deux pas de chez vous.
Carrefour remplace Casino : ce qui va vraiment changer dans votre quotidien
On pourrait croire que ce n’est qu’un changement de logo, une opération cosmétique. Mais non, il y a des conséquences très concrètes pour les clients. D’abord, les produits. Les rayons vont forcément évoluer. Finis certains produits de la marque Casino, bonjour les références Carrefour, avec leurs prix, leurs promos, leurs marques distributeurs. Les écarts seront parfois minimes, parfois plus marqués, selon vos habitudes de consommation. La carte de fidélité aussi, elle risque de faire peau neuve. Vous devrez peut-être en créer une autre, avec de nouvelles conditions, de nouveaux avantages, ou pas. Certains y verront une amélioration, d’autres une perte. Tout dépend de ce que vous cherchez quand vous faites vos courses : le prix, la qualité, la simplicité ?
Et puis il y a l’envers du décor, celui qu’on ne voit pas tout de suite. Derrière les néons et les étiquettes, il y a les franchisés. Ces indépendants qui tiennent les magasins au quotidien. Eux aussi vivent ce changement à marche forcée. Certains s’inquiètent, et pas qu’un peu. Travailler sous pavillon Carrefour, ce n’est pas toujours la panacée. Ils dénoncent des règles strictes, une marge de manœuvre réduite, l’obligation d’acheter leurs produits directement auprès du groupe, même si c’est plus cher. Pas très souple, comme partenariat. L’affaire est suffisamment sérieuse pour que des associations de franchisés alertent Bercy. De son côté, Carrefour assure que tout est sous contrôle. Il met en avant les coûts logistiques spécifiques aux petits magasins, livrés souvent, en petites quantités, avec des contraintes bien différentes des hypermarchés.
Mais dans l’histoire, ce n’est pas tant le nom au-dessus de la porte qui compte. Ce sont les détails du quotidien : le choix des produits, l’accueil du personnel, la qualité du service. Ce qui fait qu’on reste fidèle à un lieu. Alors oui, votre Casino devient peut-être un Carrefour. Mais est-ce que cela changera votre routine ? Peut-être un peu. Peut-être beaucoup. À vous de voir rayon après rayon.
