La fin des ZFE ? Une page est peut-être en train de se tourner pour des millions de Français.
Le vent tourne pour les Zones à Faibles Émissions. Ce dispositif, censé nous emmener vers un avenir plus vert, pourrait bien disparaitre. Ce qui se joue ici, ce n’est pas seulement une décision administrative ou un ajustement technique. C’est un vrai débat de société, où l’écologie, le pouvoir d’achat et la liberté de circuler se heurtent de plein fouet.
Fin des ZFE : un symbole de fracture sociale
Derrière l’annonce du 26 mars 2025, une réalité saute aux yeux. La fin des ZFE n’est plus une hypothèse lointaine, c’est une possibilité sérieusement envisagée. Et elle soulève bien des questions.
Depuis leur mise en place, les Zones à Faibles Émissions ont provoqué des réactions contrastées. L’intention était d’améliorer la qualité de l’air dans les grandes villes. Pour ce fire, ils ont restreint l’accès aux véhicules les plus polluants. Mais sur le terrain, le ressenti est tout autre. Pour beaucoup, ces zones sont devenues synonymes de galère. Notamment pour ceux qui n’ont pas les moyens de changer de voiture du jour au lendemain. Le député Ian Boucard l’a exprimé sans détour : quand vous imposez à un ménage modeste de choisir entre rouler illégalement ou acheter un véhicule neuf hors de prix, vous ne leur parlez pas d’écologie. Vous leur parlez d’exclusion.
Et il n’est pas seul à le penser. Une majorité de parlementaires, réunis au sein d’une commission spéciale, a voté pour la suppression pure et simple de ces zones. Un geste fort, qui répond à une pression croissante du terrain. L’association 40 millions d’automobilistes, très active sur ce front, martèle depuis des mois que les ZFE ratent leur cible. Selon son porte-parole Pierre Chasseray, on s’attaque aux vieilles voitures, pas forcément aux plus polluantes. Et au final, on fragilise les plus vulnérables sans garantir un réel bénéfice écologique. Une critique d’autant plus mordante qu’elle résonne dans un contexte où les préoccupations liées au pouvoir d’achat n’ont jamais été aussi vives. Le calendrier n’est pas anodin : cette remise en question intervient alors que les seniors bénéficient tout juste de nouveaux abattements fiscaux. La fin des ZFE devient alors un marqueur de fracture entre l’ambition environnementale et les réalités sociales.
Les véhicules électriques dans le viseur : la surprise du débat
Et si la vraie surprise venait des voitures électriques elles-mêmes ? On les pensait irréprochables, idéales pour accompagner la transition. Mais là aussi, le discours officiel vacille. Toujours selon Pierre Chasseray, certains SUV électriques émettraient plus de particules fines au freinage qu’une petite citadine thermique datant de plusieurs années. Une déclaration choc, lancée sur Cnews, qui remet en cause l’un des fondements de la politique actuelle : le tout électrique comme solution universelle. Trop lourds, ces véhicules génèrent une pollution insidieuse, moins visible que les gaz d’échappement, mais tout aussi problématique. Et surtout, elle échappe aux radars des ZFE.
En toile de fond, ce sont aussi les effets économiques des restrictions qui inquiètent. L’association 40 millions d’automobilistes alerte depuis longtemps : à force d’imposer des contraintes de circulation toujours plus strictes, on menace la mobilité de millions d’actifs. Des travailleurs qui n’ont pas d’alternative crédible, faute de transports collectifs efficaces ou de moyens pour changer de voiture. Une menace directe sur l’emploi, l’inclusion, la vie quotidienne. La fin des ZFE pourrait alors apparaître non pas comme un recul écologique, mais comme un réalignement sur une réalité trop longtemps ignorée.
Reste la position du gouvernement, qui persiste à défendre les ZFE en s’appuyant sur des chiffres encourageants à Paris ou Lyon. Des baisses mesurées de dioxyde d’azote sont mises en avant. Mais ces données, bien que réelles, peinent à convaincre face au sentiment grandissant d’injustice. Si la fin des ZFE devait être confirmée, elle marquerait bien plus qu’un simple changement de cap réglementaire. Ce serait un signal fort, un tournant dans notre manière d’aborder la transition écologique. Plus proche des gens. Moins brutale. Peut-être aussi, plus lucide.