L’Union européenne vient de dévoiler l’âge à partir duquel il faudra désormais dire adieu au permis de conduire pour les conducteurs seniors.
C’est un sujet qui touche l’autonomie et la dignité. Celui qui a vu un proche hésiter à reprendre le volant le sait : à un certain âge, la route devient un terrain miné entre liberté et prudence. En France, la question du permis de conduire des seniors refait surface avec force. L’Union européenne rêve de zéro mort sur les routes d’ici 2050. Belle ambition. Mais derrière les chiffres, il y a des visages, des vies, des habitudes qu’on ne bouscule pas si facilement.
Permis de conduire des seniors, entre liberté et responsabilité
Aujourd’hui, en France, une fois le précieux sésame en poche, c’est à vie. Aucun contrôle médical obligatoire. Rien. Ce n’est pas le cas partout : l’Italie ou la Finlande, par exemple, imposent des visites régulières pour les conducteurs âgés. Karima Delli, eurodéputée écolo, veut secouer les choses : un contrôle médical tous les 15 ans pour tout le monde. Pas seulement les anciens. Objectif : s’assurer qu’on a toujours les bons réflexes, les bons yeux, le bon cerveau. Et si cette proposition passe, ça pourrait bien changer la donne dès 2025, surtout pour le permis de conduire des seniors.
Du côté des élus, ça divise. Bruno Millienne applaudit des deux mains. D’autres, comme l’association 40 millions d’automobilistes, crient à la stigmatisation. L’âge, selon eux, ne devrait pas être un critère. Un bon conducteur reste un bon conducteur, même à 75 ans. Et ils n’ont pas tort : les statistiques montrent aussi que les jeunes, tout feu tout flamme, sont souvent bien plus impliqués dans les accidents graves. Alors, où mettre le curseur ? Faut-il imposer un test systématique à 70 ans, ou juger au cas par cas ? La réponse n’est pas si simple.
Garder la route, c’est garder le lien
Pour beaucoup de seniors, la voiture est bien plus qu’un moyen de transport. C’est le lien avec le reste du monde. Aller chez le médecin, faire ses courses, voir des amis. Sans voiture, tout devient compliqué. Le permis de conduire des seniors, c’est aussi leur liberté de bouger, de vivre, de rester eux-mêmes. Le leur retirer sur simple présomption, c’est risquer l’isolement. Et ça, ce n’est pas un petit détail.
Heureusement, des pistes plus nuancées émergent. Des évaluations individualisées, par exemple. Pas une sanction automatique, mais un regard attentif sur chaque situation. Capacité cognitive, santé générale, historique de conduite… autant de critères pour éviter les injustices. Et puis il y a la technologie. Les voitures assistées, les systèmes d’alerte, les aides au stationnement : tout ça peut faire une vraie différence. On parle aussi de formations de remise à niveau, adaptées aux conducteurs plus âgés. Pour rester à jour, reprendre confiance, sans infantilisation.
Les autres pays qui ont déjà sauté le pas montrent que ça peut fonctionner. Mais encore faut-il que les mesures soient bien pensées, bien appliquées. Pas de règle rigide, pas de chasse aux sorcières. Juste du bon sens. Ce qui est en jeu ici, c’est une certaine idée du vieillissement. Active, digne, libre. Le permis de conduire des seniors, c’est un sujet sensible, oui. Mais c’est surtout un miroir de notre société : comment on regarde ceux qui ont vieilli, comment on les accompagne, et jusqu’où on leur fait encore confiance.