Avec la fiscalité des retraités dans le viseur, l’État prépare des mesures qui pourraient chambouler les revenus de milliers de seniors. Le sujet est sensible, mais à quelques milliards près, les promesses d’équité semblent peser bien moins lourd que les impératifs budgétaires.
Depuis quelques semaines, la fiscalité des retraités refait surface dans les discussions les plus sensibles des couloirs du pouvoir. Pas de grande annonce tonitruante pour l’instant, mais une réalité qui s’installe doucement : pour boucler son budget 2026, l’État cherche où gratter, et les pensions des seniors commencent sérieusement à attirer son attention.
Quand l’équilibre budgétaire passe par la fiscalité des retraités
Le besoin d’économies est clair : 40 milliards d’euros doivent être trouvés pour éviter que la France ne dérape davantage face aux exigences de Bruxelles. Officiellement, pas question d’augmenter les impôts. Officieusement, le gouvernement envisage de toucher à ce qui passe souvent sous les radars : l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions. Ce geste, accordé aux retraités depuis 1978 pour garantir un semblant d’équité avec les actifs, pourrait bien être balayé d’un revers de main. En supprimant cet avantage, près de 500 000 retraités deviendraient imposables, comme l’a révélé Le Parisien. Une façon subtile, mais bien réelle, de revoir à la hausse la fiscalité des retraités.
Amélie de Montchalin ne tourne pas autour du pot : pour elle, ce n’est pas l’âge qui doit déterminer la contribution au pot commun, mais le revenu réel. Traduction : les retraités plus aisés pourraient être mis davantage à contribution. Le débat est lancé, et l’idée n’est plus taboue au sommet de l’État. Reste à voir comment tout cela sera accueilli dans un pays où 27 % de l’électorat est composé de seniors.
D’autant que d’autres pistes circulent. La fameuse CSG, déjà prélevée sur les pensions supérieures à 2 000 euros, pourrait être revisitée. Aujourd’hui, un actif paie 9,2 %, contre 8,3 % pour un retraité. Une différence qui coûte cher aux caisses publiques, près de 2 milliards d’euros chaque année. La CFDT commence d’ailleurs à pousser pour un alignement complet. Ce qui, dans les faits, reviendrait à augmenter, encore une fois, la fiscalité des retraités, même si personne ne le dira aussi franchement sur un plateau télé.
Seniors, la tempête fiscale pourrait bien être pour vous
La chasse aux économies ne s’arrête pas là. Dans l’ombre, François Bayrou et ses équipes explorent d’autres leviers. L’une des options serait de geler l’indexation des pensions sur l’inflation, histoire de freiner leur progression automatique chaque année. L’idée avait déjà été soufflée par Michel Barnier il y a quelques mois. Elle refait surface à mesure que l’obsession du déficit s’intensifie.
Le défi est de taille : avec un déficit public flirtant avec les 5,8 % du PIB en 2024, la France n’a plus vraiment le luxe de temporiser. Bruxelles veut du concret, vite. Les marchés financiers scrutent l’endettement colossal (112 % du PIB) comme des faucons. Dans ce climat tendu, la fiscalité des retraités devient une variable d’ajustement de plus, une cible presque évidente malgré les risques politiques qu’elle porte.
Le gouvernement, lui, marche sur des œufs. Il sait que toucher au portefeuille des retraités, c’est aussi toucher à leur bulletin de vote. À l’approche des élections départementales de 2026, la prudence est de mise. Pourtant, il semble de plus en plus difficile d’éviter le sujet.
Pas encore de calendrier précis. Pas encore d’annonces officielles. Mais les grandes lignes sont tracées. Les premières mesures pour le Budget 2026 devraient tomber d’ici quelques mois. Les retraités croisent les doigts. Beaucoup craignent une nouvelle érosion de leur pouvoir d’achat, déjà bien malmenés ces dernières années par l’inflation. Plus que jamais, la fiscalité des retraités est au centre du jeu.