Aldi fait aujourd’hui basculer les codes de la grande distribution dans une direction inattendue, là où peu d’enseignes osent s’aventurer. Depuis mars 2025, une collaboration discrète mais puissante prend forme dans ses rayonnages, transformant des espaces du quotidien en leviers de changement social. Pourtant, derrière cette démarche apparemment simple, des distributeurs installés dans certains supermarchés, se cache une réponse concrète à un problème systémique, longtemps ignoré. Comment une enseigne alimentaire redéfinit-elle l’accès à des produits pourtant universels ?
Aldi et Bloody Good Period : un partenariat engagé
Depuis mars 2025, Aldi a transformé les toilettes de plusieurs supermarchés en Angleterre en espaces de solidarité. En collaboration avec l’association Bloody Good Period, la chaîne propose désormais des serviettes et tampons gratuits. Cette mesure répond à une urgence méconnue : 1 femme sur 5 au Royaume-Uni aurait déjà renoncé à des produits d’hygiène menstruelle par manque de moyens.
L’initiative s’inscrit dans une stratégie plus large. En effet, Aldi a déjà distribué plus d’un million de protections périodiques via des partenaires locaux. Julie Ashfield, directrice commerciale d’Aldi Royaume-Uni, résume : « Personne ne devrait choisir entre se nourrir et préserver sa dignité. »
Précarité menstruelle : une réalité qui touche particulièrement les jeunes
Les femmes de moins de 25 ans constituent le public le plus vulnérable. Selon des études citées par Bloody Good Period, 30 % d’entre elles déclarent avoir éprouvé des difficultés à s’approvisionner régulièrement. En rendant ces produits accessibles dans ses magasins, Aldi agit sur deux fronts :
- Urgence matérielle : répondre à un besoin immédiat
- Éducation : briser les tabous liés aux règles
Par ailleurs, cette approche réduit la stigmatisation. Les protections deviennent aussi banales que le papier toilette, normalisant un processus biologique longtemps occulté.
Aldi face à un enjeu mondial : et si d’autres pays suivaient ?
Si l’opération démarre en Angleterre, son caractère exemplaire interpelle. La précarité menstruelle concerne 500 millions de personnes dans le monde. Des pays comme l’Écosse ou la Nouvelle-Zélande ont légiféré pour un accès universel aux protections, mais les initiatives privées restent rares.
En France, par exemple, seules quelques universités et entreprises proposent ce service. Aldi pourrait ainsi inspirer une vague d’actions similaires, combinant pragmatisme et impact social. La directrice de Bloody Good Period souligne d’ailleurs : « Les entreprises ont un rôle clé pour combler les lacunes des politiques publiques. »
Comment fonctionne concrètement l’initiative d’Aldi ?
Les produits sont disponibles dans des distributeurs installés dans les toilettes féminines et masculines, une subtilité importante pour inclure les personnes transgenres. Les magasins participants se trouvent majoritairement dans des zones urbaines défavorisées, identifiées grâce à des données socio-économiques.
Pour éviter les abus, chaque utilisatrice peut prélever jusqu’à deux protections par visite. Une solution équilibrée entre générosité et pérennité du dispositif.
Pourquoi cette action d’Aldi marque-t-elle un tournant ?
Au-delà de l’aspect humanitaire, Aldi réinvente sa relation avec les clientes. En traitant les protections périodiques comme des produits de première nécessité, le distributeur renforce son image de marque engagée. Cette stratégie s’avère payante : une enquête interne révèle que 68 % des consommatrices britanniques se disent plus fidèles à une enseigne soutenant des causes sociales.
Cependant, certains activistes rappellent que ces mesures ne remplacent pas une réforme structurelle. La TVA sur les protections reste à 5,5 % au Royaume-Uni, contre 0 % pour les produits de base alimentaires.
Aldi ouvre la voie : vers une normalisation des protections gratuites
L’initiative d’Aldi illustre une tendance croissante : les entreprises s’emparent de sujets sociétaux négligés par les gouvernements. Si l’impact réel dépendra de la durée et de l’extension du programme, le symbole est fort.
En parallèle, Bloody Good Period organise des ateliers dans les magasins Aldi pour éduquer sur la santé menstruelle. Une preuve supplémentaire que le projet dépasse la simple distribution de produits.
Aldi, un modèle pour l’hygiène menstruelle universelle ?
En ce printemps 2025, Aldi démontre qu’un supermarché peut être bien plus qu’un lieu de consommation. Par son approche inclusive et durable, l’enseigne offre un blueprint pour combattre la précarité menstruelle. Reste à voir si d’autres acteurs emboîteront le pas, et si ces actions ponctuelles évolueront vers un droit fondamental garanti pour toutes.
